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Au sujet de Helmut von Karglass

Je me demande moi-même régulièrement pourquoi je m’intéresse au cirque, et je remarque de plus en plus qu’en fait je ne m’intéresse pas trop au cirque, je le fais justement. J’ai commencé avec le jonglage il y a dix ans, et après je me suis beaucoup entrainé, et maintenant c’est trop tard pour arrêter. Même si j’imagine que si j’avais pris d’autres voies, je serais encore plus heureux que maintenant, j’ai décidé de ne plus changer de profession, j’ai 33 ans, et je trouve que ce serait trop tard et trop de galère pour s’établir ailleurs. D’autant plus parce que je me rends compte que le public et le monde culturel ont vraiment besoin de moi.

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A la base j’ai commencé le cirque pour impressionner une fille : elle était on pourrait dire Baba-Cool, elle faisait des bolas, donc j’ai pensé : « Si j’arrive à jongler mieux que les autres, je peux la chopper. » Ça n’a pas marché avec la fille, il s’est révélé qu’elle n’avait pas du tout une âme artistique, et même pas une vraie âme de baba-cool, c’était que de l’apparence, elle s’était trouvée un rédacteur publicitaire pour me remplacer. Donc, j’avais échoué sur le plan stratégique, mais franchement qu’est-ce que je ferais avec une fille qui fait semblant d’être baba-cool alors qu’elle ne l’est pas?


Moi personnellement, je n’ai jamais été baba-cool, mais c’est vrai qu’à un moment donné je suis devenu un jongleur quand même exceptionnel, donc je suis allé à l’école de cirque pour jongler davantage, et j’ai passé 5 ans dans des écoles de cirque, d’abord à Tilburg au Pays-Bas et après au Lido en France, sans me rendre compte de ce que j’étais en train de faire. Bon, ce n’est pas grave, c’est pareil pour les autres. Dans les écoles de cirque personne ne sait vraiment pourquoi il est là.


Aujourd’hui, je peux dire sans exagération que ne pas aller sur scène pour partager tout mon savoir-faire en jonglage, acro-danse, et lancer de couteaux, mélangé avec cette corporalité fascinante et cet esprit – tranchant comme un couteau – ça serait un gâchis inexcusable. Oui, tout le monde est unique, mais moi, je suis quand même différent.


Le talent pertinent qui domine toutes mes oeuvres scéniques aujourd’hui a pris du temps à émerger, des années de préparation artistique à faire des choses qui ne me plaisaient pas vraiment. Mais tout cela était nécessaire pour trouver une liberté et ma propre voie. Je sais maintenant ce que c’est de jouer un personnage. Quel soulagement. C’est aussi mon personnage (principal) qui vous écrit, à cet instant précis. Moi personnellement, je n’écris pas comme ça. En fait lui, il dit tout ce que j’oserais à peine penser. Des fois moi-même je suis gêné, je me dis : oh non quand même là je vais trop loin, les gens vont croire que je suis pour de vrai très orgueilleux. Moi, je ne dirais jamais que je suis génial, par exemple.

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